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Article sur Adoucissement de L'eau à Grande Échelle

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Article g?n?reusement fourni par Inter Press Service, Washington, DC)
 

SCIENCE: DES COSSES V?G?TALES POURRAIENT AIDER ? R?SOUDRE LES MALHEURS DU TIERS MONDE


Par Susan Litherland

LONDRES, 14 juillet 1995 (IPS) -- Des chercheurs anglais annoncent qu'une cosse v?g?tale qui pousse sur des arbres en Afrique, en Asie et en Am?rique Latine pourrait fournir la cl? pour r?soudre de nombreux probl?mes concernant l'eau dans les pays en d?veloppement.

L'?quipe de chercheurs ? l'Universit? de Leicester pense que les cosses v?g?tales, et les graines qu'elles contiennent, peuvent aider ? fournir une eau potable saine et produite ? bon march?, qui pourrait sauver des millions de personnes de la maladie ou de la mort, caus?es par une eau potable impure.

Pr?s de 1.3 billions de personnes manquent toujours d'une eau potable saine et plus de six millions d'enfants dans les pays en d?veloppement meurent chaque ann?e de diarrh?e.

Selon les chercheurs, l'arbre sur lequel poussent les cosses, le Moringa oleifera, est courant en Afrique, en Asie et en Am?rique Latine. Ils rapportent ?galement que l'arbre est aussi une source de l?gumes nutritifs car les feuilles et les cosses sont riches en vitamines et poss?dent une teneur ?lev?e en prot?ines.

Mais son potentiel en tant que traitement de purification de l'eau a ?t?, jusqu'? pr?sent, presque totalement n?glig?.

Les chercheurs ont trouv? que quand les graines sont s?ch?es, ?cras?es et ajout?es ? l'eau, la poudre agit comme un coagulant se liant aux particules et aux bact?ries qui rendent les eaux de rivi?res tellement troubles, en particulier pendant la saison des pluies. Apr?s un court instant, les particules coagul?es, connues en tant que floculat, coulent jusqu'au fond et l'eau claire peut ?tre r?cup?r?e.

Le projet de 815.000 $ est financ? par l'Administration de D?veloppement Outre-Mer (l'aide du gouvernement britannique), et par la Commission Europ?enne bas?e ? Bruxelles. Cela fonctionne sur la base des oppos?s qui s'attirent, explique Geoff Folkard, un des scientifiques anglais impliqu?s dans le projet de recherche en quatre ans.

"Quand elles sont m?lang?es ? de l'eau, les graines ?cras?es produisent des prot?ines charg?es positivement qui attirent les particules et les bact?ries charg?es n?gativement. L'action de m?langer les fait entrer en collision et se coller les unes aux autres," dit-il.

Les grands centres de traitement de l'eau r?alisent ceci en ajoutant des coagulants chimiques ? l'eau comme le sulfate d'alumine (alum), mais dans les pays en d?veloppement ceux-ci sont souvent trop chers ou non disponibles.

Le travail de l'?quipe d'exp?rimentation ? Thyolo, dans le sud du Malawi, a permis de d?couvrir l'ann?e derni?re que les graines donnaient des r?sultats de purification "tout aussi bons que ceux obtenus avec des produits chimiques commerciaux" en ?liminant 90 ? 99,9 pour cent des bact?ries et en nettoyant l'eau des solides tout aussi bien.

Alors que les coagulants naturels sont utilis?s depuis des si?cles au niveau des m?nages dans dans certaines r?gions du monde, comme au Soudan et en Indon?sie, c'est la premi?re fois qu'ils essayaient ? grande ?chelle et pour un traitement en flux continu.

En 1993 au Malawi, les produits chimiques import?s d'Afrique du Sud ont co?t? au Service Public de l'Eau plus de 640.000 $ en devises ?trang?res. Folkard dit que, "les graines font leur travail pour une fraction de ce co?t".

De nombreux pays pourraient ?conomiser d'importantes sommes d'argent en adoptant ces id?es. "Seulement deux petites cuill?res de graines ?cras?es sont n?cessaires pour traiter un seau d'eau" (environ 20 litres).

Mansoor Ali Lalani du Centre de D?veloppement, d'Ing?ni?rie et de l'Eau ? l'Universit? de Loughborough n'est pas si convaincu. "Je pense que si le (sic) fourni est produit localement et disponible localement, il demeure une meilleure alternative que le Moringa. Il cr?e des floculats plus gros donc le d?p?t est tr?s rapide."

Et il ajoute que selon la qualit? de l'eau, moins de sulfate d'alumine est n?cessaire par litre (35 milligrammes compar?s ? 150 milligrammes de graines).

Il conc?de cependant que des ?tudes r?centes indiquent que les r?sidus de sulfate d'alumine dans l'eau pourraient ?tre canc?rig?nes, en revanche, aucun effet nocif n'a ?t? montr? provenant du Moringa.

Que l'eau soit trait?e avec les coagulants conventionnels ou avec les graines, il reste des micro-organismes nocifs qui doivent ?tre ?limin?s soit par chlorination, soit avec de simples filtres, soit, dans les maisons, par ?bullition.

Le Moringa est un arbre r?sistant qui survit dans les sols pauvres et qui utilise ses profondes racines pour survivre pendant de longues p?riodes de s?cheresse. Facile ? propager ? partir de graines ou de boutures, il pousse rapidement jusqu'? six m?tres de hauteur et peut fleurir et donner des fruits en une ann?e.

Il semble que ce soit une sorte de plante miracle car toutes les parties sont utilis?es en m?decine traditionnelle et la poudre de graines est m?lang?e avec une pommade pour traiter les infections bact?riennes courantes de la peau.

C'est aussi une bonne source de bois de chauffage et de fourrage pour le b?tail et il convient pour l'agro-foresterie car il ne fait pas beaucoup d'ombre qui emp?cherait d'autres cultures de pousser sous ses branches. Folkard est ?galement confiant sur le fait qu'il peut ?tre facilement contr?l? de sorte qu'il ne devienne pas envahissant et n'?limine pas la flore indig?ne.

Mais les avantages ne s'arr?tent pas l?. Les chercheurs voient ?galement en l'arbre un potentiel comme source d'huile de cuisine. Les graines contiennent 40 pour cent d'huile en poids et il fournit un rendement par hectare plus ?lev? que le tournesol ou l'arachide.

L'?quipe a aussi trouv? que le r?sidu sec restant apr?s la presse ne perd pas ses propri?t?s coagulantes. Il peut ?galement ?tre s?ch? et stock? comme sous-produit peu co?teux de l'extraction pour un traitement futur de l'eau.

"L'huile de Moringa est de haute qualit? et poss?de une grande valeur marchande que ce soit pour la cuisine ou comme ingr?dient principal dans l'industrie des d?tergeants", pr?cise Folkard. "La demande en huile au Malawi est plus importante que la production actuelle, si bien que de l'huile de soja doit ?tre import?e d'Am?rique du Sud."

Ceci fait de la culture de Moringa une proposition attrayante pour les fermiers commerciaux. En collaboration avec Leicester, le Groupe Interm?diaire de D?veloppement des Technologies (ITDG) du Zimbabwe a install? 17 petites usines appropri?es pour la production rurale ? petite ?chelle afin de tester cette id?e.

Il en a conclu que les usines rapportent en moyenne 51 pour cent sur l'investissement avec des profits de 21 pour cent sur les ventes.

L'Association des Producteurs d'Huile de Plantes du Zimbabwe ? d?j? fait part de son int?r?t pour des terrains d'essais. Folkard dit que "le Moringa est un exemple classique du fait que le Tiers Monde produit ce qu'il ne consomme pas et consomme de plus en plus ce qu'il ne produit pas."

L'?quipe de Leicester souhaite vivement que l?s propri?taires de petites terres soient ?galement encourag?s ? faire pousser le Moringa "car il am?liorera leur sant? et leur revenus". Un arbre apporterait assez pour le traitement de l'eau de cinq ? six personnes par an.

Savoir si les consommateurs aimeront l'huile est le travail futur de l'ITDG, alors qu'au Kenya, l'Institut de Recherche en Foresterie ?tudiera le management du Moringa. Pour sa part, Folkard a l'intention de pousser en avant les ?tudes de mise en oeuvre, probablement au Br?sil, en Tanzanie et au Zimbabwe.

Un meilleur approvisionnement en eau pour les personnes asoiff?es dans le Tiers Monde repose sur les r?sultats finaux. Richard Charretier du d?partement de gestion de l'eau ? l'Universit? de Cranfield pr?cise, "c'est un projet qui m?rite notre respect. Nous sommes s?rs qu'il sera utile et important pour les pays en d?veloppement".

 

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